La pharmacothérapie et l’appareil digestif fragilisé

Renseignements sur la physiologie

Plusieurs facteurs peuvent modifier l’absorption de médicaments à prise orale chez les patients dont l’appareil digestif est fragilisé. Les plus importants sont la longueur de l’intestin disponible pour l’absorption des médicaments et la partie spécifique de l’intestin qui a été retirée. Avec sa grande surface et son flux sanguin considérable, l’intestin grêle est l’endroit le plus important pour l’absorption de médicaments. Par conséquent, plus la section d’intestin grêle retirée est grande, plus le risque est élevé que l’absorption des médicaments soit influencée. D’autres facteurs, tels que le temps qu’il faut aux aliments pour sortir de l’estomac (vidange gastrique) et se déplacer dans le tube digestif (durée de transit), entrent aussi en jeu. Compte tenu de ces facteurs, les personnes ayant une iléostomie sont à risque plus élevé pour une absorption sous-optimale des médicaments que celles ayant une colostomie distale. Les personnes chez lesquelles des sections d’intestin grêle ont été retirées et qui n’ont pas de stomie sont également à risque plus élevé.

Principes généraux

Afin de minimiser les problèmes d’absorption de médicaments, il faut suivre ces principes généraux. Chez le patient ayant une iléostomie, les formes posologiques à dissolution rapide (comprimés se dissolvant rapidement) et à absorption rapide devraient être utilisées. Les liquides, les gélules et les comprimés non enrobés sont habituellement préférables et sont bien absorbés. Les formes posologiques telles que les produits gastrorésistants et à libération prolongée sont à éviter en raison de la possibilité d’une mauvaise absorption. Les produits dotés d’un enrobage gastrorésistant sont conçus pour empêcher l’irritation de la muqueuse intestinale lorsqu’elle vient en contact avec certains médicaments tels que l’aspirine. Les produits à libération prolongée sont conçus pour relâcher de petites quantités soutenues du médicament le long de l’intestin grêle sur une période de temps.

Analgésiques narcotiques

Ces médicaments comprennent Demerol® (mépéridine), Dilaudid® (hydromorphone), Talwin® (pentazocine), Percodan® (oxycodone), Percocet® (oxycodone), et Tylenol® 1, 2, 3 (contient de la codéine). Tous ces médicaments partagent une propriété particulière : ils ralentissent le péristaltisme intestinal (les contractions musculaires des intestins). À cause de cette action, les analgésiques narcotiques peuvent entraîner une constipation. Cet effet est un élément particulier à prendre en considération pour les patients ayant une colostomie. En effet, à cause de son action, ce médicament est souvent utilisé pour traiter la diarrhée.

Antibiotiques

Les antibiotiques par voie orale peuvent créer des problèmes considérables pour les stomisés puisqu’ils peuvent changer la bonne flore bactérienne normalement présente dans l’intestin. Les antibiotiques à large spectre tels que Amoxil® (amoxicilline trihydrate), Keflex® (céfalexine), Septra® (triméthoprime-sulfaméthoxazole) et Cipro® (ciprofloxacine) tuent les mauvaises bactéries, mais éliminent aussi les bonnes. Un changement dans la flore peut parfois causer une diarrhée qui peut entraîner la perte d’électrolytes et la déshydratation, créant une certaine angoisse chez le patient. Il est toujours conseillé de prendre des probiotiques (L. acidophilus) suite à l’antibiothérapie pour remplacer une partie des bonnes bactéries.

Antiacides

L’effet des antiacides sur les stomisés dépend de la classe d’antiacides et du type de stomie.

Classification des antiacides:

  1. Carbonate de calcium (Tums®)
  2. Gels d’hydroxyde d’aluminium (Amphojel®)
  3. Combinaisons d’hydroxyde de magnésium et d’hydroxyde d’aluminium (Maalox®, Mylanta®, Riopan®)

Les antiacides contenant du calcium peuvent entraîner une constipation tandis que les antiacides contenant du magnésium peuvent entraîner une diarrhée, surtout chez les patients ayant des iléostomies, puisqu’ils peuvent occasionner une diarrhée osmotique (diffusion de l’eau dans les intestins). Les gels d’hydroxyde d’aluminium sont particulièrement inquiétants chez les patients ayant une colostomie puisqu’ils peuvent entraîner une constipation.

On peut donc constater que l’antiacide de choix pour un patient dont l’appareil digestif est fragilisé dépend en grande partie du type de chirurgie intestinale qui a été pratiquée. Il pourrait être avantageux pour les patients qui connaissent des problèmes de selles extrêmes à l’utilisation d’une combinaison de magnésium et d’aluminium de prendre plutôt un antiacide sous forme de gel d’hydroxyde d’aluminium. Réciproquement, les patients souffrant de constipation suite à l’utilisation du gel d’hydroxyde d’aluminium pourraient bénéficier en prenant plutôt des produits contenant du magnésium.

L’aspirine et les anti-inflammatoires non stéroïdiens (Advil®, Motrin®, Naproxen® etc.)

Les anti-inflammatoires peuvent occasionner un saignement gastrique (saignement dans l’estomac) ou une irritation. Il est conseillé de prendre ces médicaments avec de la nourriture pour minimiser le risque. Les selles devraient être examinées pour vérifier la présence de traces de sang ou pour observer si elles sont noires et ressemblent à du goudron; ceci pourrait être signe d’un saignement gastrique et devrait être signalé à votre médecin.

Renseignements sur la physiologie

Plusieurs facteurs peuvent modifier l’absorption de médicaments à prise orale chez les patients dont l’appareil digestif est fragilisé. Les plus importants sont la longueur de l’intestin disponible pour l’absorption des médicaments et la partie spécifique de l’intestin qui a été retirée. Avec sa grande surface et son flux sanguin considérable, l’intestin grêle est l’endroit le plus important pour l’absorption de médicaments. Par conséquent, plus la section d’intestin grêle retirée est grande, plus le risque est élevé que l’absorption des médicaments soit influencée. D’autres facteurs, tels que le temps qu’il faut aux aliments pour sortir de l’estomac (vidange gastrique) et se déplacer dans le tube digestif (durée de transit), entrent aussi en jeu. Compte tenu de ces facteurs, les personnes ayant une iléostomie sont à risque plus élevé pour une absorption sous-optimale des médicaments que celles ayant une colostomie distale. Les personnes chez lesquelles des sections d’intestin grêle ont été retirées et qui n’ont pas de stomie sont également à risque plus élevé.

Principes généraux

Afin de minimiser les problèmes d’absorption de médicaments, il faut suivre ces principes généraux. Chez le patient ayant une iléostomie, les formes posologiques à dissolution rapide (comprimés se dissolvant rapidement) et à absorption rapide devraient être utilisées. Les liquides, les gélules et les comprimés non enrobés sont habituellement préférables et sont bien absorbés. Les formes posologiques telles que les produits gastrorésistants et à libération prolongée sont à éviter en raison de la possibilité d’une mauvaise absorption. Les produits dotés d’un enrobage gastrorésistant sont conçus pour empêcher l’irritation de la muqueuse intestinale lorsqu’elle vient en contact avec certains médicaments tels que l’aspirine. Les produits à libération prolongée sont conçus pour relâcher de petites quantités soutenues du médicament le long de l’intestin grêle sur une période de temps.

Diurétiques

Ces médicaments sont largement utilisés pour traiter l’hypertension artérielle et l’insuffisance cardiaque congestive en diminuant le surplus de liquide qui fatigue le cœur. Les patients ayant une colostomie peuvent utiliser les diurétiques sans vraiment subir de conséquences néfastes. Les patients ayant une urostomie peuvent cependant connaître une augmentation du flux d’urine surtout avec des médicaments tels que Lasix® (furosémide) et Zaroxolyn® (métolazone). À cause de l’augmentation de la production d’urine, l’appareil devra être vidé plus souvent. En qui concerne les patients ayant une iléostomie, les diurétiques devraient être utilisés avec prudence. Maintenir l’équilibre des électrolytes et des liquides même en l’absence de diurétiques est difficile. L’ajout de diurétiques peut entraîner une déshydratation et un déséquilibre sévère des électrolytes.

Suppléments de potassium

Lorsqu’un médecin prescrit un diurétique, il est aussi commun de prescrire des suppléments de potassium et de sodium pour conserver l’équilibre des électrolytes. Les suppléments de potassium sont offerts en préparations liquides, en poudre et en comprimés à libération prolongée. Il est conseillé de séparer la dose quotidienne de potassium ou de prendre une préparation à libération prolongée, puisque prendre la dose de potassium d’un coup chez le patient ayant une iléostomie peut entraîner une diarrhée osmotique (diffusion de l’eau dans les intestins). Quelques exemples de préparations à libération prolongée sont Slow-K®, Apo-K®, et Micro-K Extencaps®. Les bananes, les tomates et les oranges constituent une bonne source de potassium.

Agents anti-diarrhéiques

Tel qu’il a été mentionné dans le bulletin antérieur, les narcotiques (Tylenol®3, codéine, etc.) ont tous la capacité de ralentir les intestins et de fournir un soulagement contre les selles molles et l’évacuation excessive de selles de la stomie. Les agents les plus souvent utilisés sont l’Imodium® (lopéramide), disponible en ventre libre, et le Lomotil® (diphénoxylate/atropine), disponible sur ordonnance. Ces médicaments sont sans danger et efficaces s’ils sont utilisés correctement. D’autres produits disponibles en vente libre qui peuvent également être efficaces dans le contrôle de la diarrhée comprennent le Kaopectate® (attapulgite et pectine) et le Pepto-Bismol® (un composé de bismuth). Ces agents aident à donner une forme aux selles et sont généralement bien tolérés. Le psyllium (Metamucil®, Prodiem® Plain) en petites doses peut aussi aider à ajouter une certaine masse aux selles des patients ayant une colostomie ou une iléostomie, qui souffrent de selles molles chroniques.

Laxatifs

Les laxatifs peuvent exercer un de deux effets sur le stomisé selon le type de stomie qu’il a et selon le type de laxatif utilisé. Les laxatifs peuvent être classifiés selon leur mode d’action. Il existe des laxatifs de lest (son, psyllium), des laxatifs lubrifiants (huile minérale), des agents osmotiques qui attirent l’eau dans les intestins (lait de magnésie, phosphate de sodium) et des laxatifs stimulants (cascara, séné et huile de ricin). Les laxatifs doivent être utilisés avec prudence chez le patient ayant une iléostomie en raison du potentiel de déshydratation sévère et de perte d’électrolytes.

Bien que les laxatifs puissent être utilisés chez les patients ayant une colostomie, des laxatifs plus puissants (stimulants) doivent être utilisés avec prudence ou pas du tout. Les laxatifs de lest peuvent être plus avantageux puisqu’ils aident à former des selles solides et peuvent encourager la régularité. Utilisez des laxatifs émollients (docusate sodique) pour soulager des problèmes de constipation.

Puisque les laxatifs sont souvent employés dans les protocoles antérieurs au diagnostic et à la chirurgie, il est important que le patient ayant une stomie rappelle à son fournisseur de soins le type de stomie qu’il a, afin qu’un protocole approprié soit choisi.

Conclusion

Les patients ayant une stomie ou un appareil digestif autrement fragilisé devraient toujours consulter leur fournisseur de soins de santé pour vérifier si un médicament pourrait avoir un effet sur leur tractus gastro-intestinal ou si l’effet d’un médicament peut être modifié par leur appareil digestif particulier. Selon un principe général reconnu, tout médicament ayant le potentiel de modifier la fonction gastro-intestinale chez les patients serait plus susceptible d’occasionner des problèmes chez les patients ayant une stomie.


Adil Saleh, B.Sc. (phm.), Pharm. D., Ph.A.
Publié pour la première fois dans le bulletin The Inside Tract® numéros 128 et 129 – 2001
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